Bien décider, un art qui a ses clés
Tu veux ou tu veux pas? Dans
un ouvrage interactif et riche, la formatrice Sylvie-Nuria Noguer
explique comment faire le bon choix
Une bonne dose de réflexion, un soupçon d’intuition. Telle est la recette qui, d’instinct, semble s’imposer pour prendre de bonnes décisions. Si ça a marché pour vous jusque-là, ne changez rien. Mais si vous regrettez certains de vos choix ou, pire, si vous n’arrivez jamais à vous décider, alors vous serez sensible au livre de Sylvie-Nuria Noguer, ingénieure devenue coach certifiée.
Dans Donnez du sens à vos décisions, cette formatrice pour adultes montre qu’en plus de la réflexion et de l’intuition, l’expérience et le discernement jouent aussi un rôle important. Sans oublier les émotions. Ou le timing. Ou encore l’inconscient. Et, bien sûr, la quête parfaite d’informations… Oui, bien décider est un métier, pour ne pas dire un continent encore peu exploré. Voyage en decision land avec un ouvrage très riche qui conjugue manuel pratique et somme théorique.
■ Agit-on ou est-on agi?
Avant d’établir comment bien décider, il n’est pas inutile d’évaluer notre réel pouvoir en la matière. Pensez-vous, comme Sartre et les existentialistes, que «choix et conscience sont une seule et même chose» et que l’homme est toujours responsable de ses actes? Ou pensez-vous, comme Spinoza et le courant déterministe, que nos faits dépendent de causes qui nous dépassent et que, dès lors, la liberté de choix est une illusion? Sylvie-Nuria Noguer tranche habilement: «Si nous ne choisissons pas toujours ce qui nous arrive, nous avons constamment le pouvoir de choisir comment y répondre.»Auparavant, on pouvait se fier aux trois piliers traditionnels que sont l’expérience, la raison et l’intuition pour prendre de sages décisions. aujourd’hui, vu les bouleversements permanents, il faut ajouter un quatrième pilier: le discernement
■ Le monde VICA et le discernement
L’acronyme VICA – pour volatil, incertain, complexe et ambigu – est introduit à la fin des années 1990 par le Collège de guerre de l’armée américaine pour désigner un monde en perpétuelle mutation. Notre paysage actuel étant très VICA, l’auteur nous met en garde. Si, auparavant, on pouvait se fier aux trois piliers traditionnels que sont l’expérience, la raison et l’intuition pour prendre de sages décisions, aujourd’hui, vu les bouleversements permanents, il faut ajouter un quatrième pilier: le discernement. C’est-à-dire la capacité de façonner «des choix libres d’influences inconscientes ou de pressions contingentes». Un exemple? Un étudiant, qui vient de réussir brillamment son diplôme, reçoit deux propositions d’embauche. L’une lui offre un travail passionnant à un salaire moyen. L’autre lui offre un travail sans panache avec un salaire de ministre.Pour trancher, le diplômé doit parvenir à «clarifier sa finalité», explique Sylvie-Nuria Noguer, sur les traces d’Ignace de Loyola, fondateur de l’ordre des Jésuites et père de la notion de discernement. Est-ce que ce jeune homme souhaite privilégier la passion ou la sécurité? Cette évaluation, il a intérêt à la faire seul, sans pression, ou plutôt en connaissant les pressions auxquelles il est habituellement soumis – les conseils des parents, des amis, les idées reçues, les freins cognitifs, les biais émotionnels, etc. – et en les pondérant. Et s’il hésite encore, un indice sans faille le renseignera. Selon Ignace de Loyola, l’une des deux propositions lui procurera un «mouvement intérieur de consolation», c’est-à-dire «un élan de vie, d’ouverture, de confiance et de sérénité», alors que l’autre déclenchera en lui «un mouvement de désolation» qui porte «à la tristesse, à l’agitation, au manque de confiance et au repli sur soi». Parlant, n’est-ce pas?
Niveau B2
Type : Texte argumentatif
Thème : Psychologie / Philosophie / Prise de décision
Source : https://www.letemps.ch/societe/bien-decider-un-art-cles