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B2 - La presse sportive est un "miroir actif" de la société

La presse sportive est un "miroir actif" de la société

La violence entourant de nombreuses manifestations sportives est un reflet d'une tendance sociale générale.
Sport et Citoyenneté | • Mis à jour le
Cet article est issu de la revue spéciale éditée par le think tank "Sport et Citoyenneté", sur le thème Sport et médias.

La société dans laquelle nous vivons est indiscutablement une société violente où la concurrence extrême, associée à la disponibilité décroissante des ressources et à leur répartition inégale, donne lieu à un niveau élevé de frustration et d'agressivité. La violence entourant de nombreuses manifestations sportives est un reflet d'une tendance sociale générale.

La presse est souvent blâmée pour surexposer la violence sous toutes ses formes. La violence fait l'actualité et attire les lecteurs. Ainsi, lorsque des dizaines de supporters se battent dans les rues, ou entonnent des chants anti-Balotelli dans certains stades de football en Italie, les combattants et les "chanteurs" apparaissent dans les journaux avec une description complète de leurs gestes détestables, et leurs visages se retrouvent sur toutes les télévisions.

LE LIEN-CLÉ

En faisant cela, les médias offrent-ils aux supporters racistes une dimension supplémentaire ? Oui bien sûr, mais l'argument, souvent utilisé contre l'information, est assez imparfait. Les médias rapportent des faits et c'est leur devoir de le faire de manière aussi complète et libre que possible. En d'autres termes, ils sont le miroir (plus ou moins fidèle) de la société. Ce que je voudrais faire valoir dans cet article est le fait que l'information joue en réalité un rôle beaucoup plus puissant. Elle ne peut pas être reléguée à un miroir de la société sauf à le considérer comme "un miroir actif".

Cela peut être particulièrement vrai pour la presse sportive, qui est LE lien-clé et la référence entre les supporters les plus dynamiques et les événements sportifs. Au cours des dernières années, l'augmentation de la couverture médiatique et l'accent mis sur les événements sportifs d'envergure internationale (tels que la Coupe du Monde, les JO ou les tournois internationaux dans les différents sports) ont naturellement porté les considérations sociales, politiques et économiques sur le devant de la scène. En conséquence, la presse sportive a, de son côté, de plus en plus enquêté sur les phénomènes sociaux, politiques et économiques autour du sport.

UN LEVIER À DEUX TRANCHANTS

Le simple fait de traiter des phénomènes tels que le racisme, la violence ou le dopage, et de leur donner une exposition qui était tout simplement impensable dans un passé pas si lointain, fait de la presse sportive un acteur actif sur la scène sociale. La devise de l'Association Internationale des Journaux Sportifs (IASN), qui rassemble les voix majeures de la presse sportive au niveau international, est en effet "la presse sportive pour le sport dans la société".

La presse sportive est idéalement placée pour décrire ce qui se passe sur et autour d'un terrain de sport. En montrant que certains supporters obtus sont racistes, il y a des chances que certaines personnes tout aussi obtuses suivent leurs traces, mais la grande majorité aura plutôt l'occasion de réfléchir sur le racisme, et, éventuellement, d'élargir leurs connaissances en la matière. En décrivant jusqu'où la violence peut aller pour un résultat sportif (ou nous devrions-nous plutôt dire "loin" d'un résultat sportif, tant cela a peu à voir avec le sport lui-même), certains pourraient être incités à commettre la même violence, mais beaucoup d'autres la trouveront odieuse et enseigneront à leurs enfants comment l'éviter.

Comme toutes les armes, le levier de la presse a deux tranchants. Ce levier appelle à la responsabilité. L'objectivité du contenu et une utilisation appropriée de la langue doivent être un impératif pour une presse sportive qui aspire à transmettre activement toutes les valeurs positives intrinsèques du sport, et non simplement représenter et reproduire ses défauts.

Rosarita Cuccoli, Secrétaire Général de l'Association Internationale des Journaux Sportifs (IASN)

Niveau B2
Type : Texte argumentatif
Thème :  Sport / Presse / Violence / Société
Source : https://www.letemps.ch/societe/bien-decider-un-art-cles


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