Le robot est-il l'avenir de l'homme ?
Dans les prochaines décennies, l'intelligence artificielle et
l'automatisation vont transformer en profondeur le travail, l'économie
et même la société dans son ensemble. Trois livres majeurs explorent ce
monde à venir.
La question divise économistes et politiciens : les progrès rapides
et spectaculaires des robots et de l'intelligence artificielle vont-ils
entraîner un chômage de masse ? Et, si oui, quelles en seront les
conséquences sur l'économie et la société ? Loin
des études alarmistes tentant de chiffrer les destructions d'emplois,
mais aussi des discours rassurants sur la « destruction créatrice »,
trois essais importants tentent d'anticiper ce monde qui vient.
Pour l'auteur, il ne fait aucun doute que l'économie entre dans une nouvelle ère, où « les machines elles-mêmes deviennent des travailleurs, et la frontière entre la main-d'oeuvre et l'investissement devient floue. » Son livre multiplie les cas où le robot peut remplacer l'humain, à l'usine, à la ferme, au restaurant ou au bureau. Moins chère, plus rapide, plus performante, la machine (ou l'intelligence artificielle) sera irrésistible pour les entreprises, mais aussi pour leurs clients : dans les fast-foods, par exemple, « au-delà de la simple réduction des coûts de main-d'oeuvre, l'introduction de plus de machines pourrait apporter des avantages importants, comme l'amélioration et la constance de la qualité ou la perception que la préparation est plus hygiénique. »
Le livre inscrit l'automatisation dans des mouvements plus larges, comme la diminution des créations d'emplois, le sous-emploi des jeunes diplômés ou la montée des inégalités de revenus. Pour Ford, l'argument de la « destruction créatrice » (déplacement des emplois des secteurs détruits vers de nouvelles activités) ne tient plus : en 2011, la création par Apple d'un « data center " à 1 milliard de dollars en Caroline du Nord n'a créé que... 50 emplois !
Martin Ford estime que le raz-de-marée robotique nous obligera à repenser en profondeur nos économies, pour deux raisons : l'emploi est aujourd'hui le principal moyen de subsistance des humains, et les robots ne consomment pas ce qu'ils produisent. Le dernier chapitre est donc, logiquement, consacré au revenu de base et à la redistribution des richesses produites par les machines, qu'il juge tous deux indispensables.
Mais le progrès technoscientifique engendre d'autres défis majeurs, dont fait partie la montée en puissance de l'automatisation. Pour lui, il ne fait guère de doute que les entreprises privilégieront les machines intelligentes plutôt que les humains, et que « nous pourrions bien assister à la formation d'une nouvelle classe non laborieuse : des gens sans aucune valeur économique, politique ou artistique, qui ne contribuent en rien à la prospérité, à la puissance et au rayonnement de la société ". Glaçant.
Et l'emploi, dans tout ça ? Résolument optimistes, McAfee et Brynjolfsson consacrent bien moins de place à cette question que Ford et Harari. S'ils s'attendent à une expansion spectaculaire de l'automatisation, ils pensent que « les humains sont toujours plus adroits que la majorité des robots les plus avancés, et que cela sera encore le cas pendant longtemps ». Et militent en conséquence pour une coopération homme-machine. Ce qui les pousse à conclure d'une formule digne de John Fitzgerald Kennedy, mais qui peut paraître un brin facile : « Au lieu de demander ce que la technologie va nous faire, nous devons nous demander ce que nous pourrons faire avec la technologie. "
Un futur sans emploi
En 2009, dans son premier livre (« The Lights in the tunnel "), l'essayiste américain Martin Ford s'était penché sur les risques de destruction massive d'emplois liés à la technologie. A l'époque, l'ouvrage n'avait eu qu'un succès d'estime, et n'avait même pas été traduit en français. Depuis, tout a changé : Watson d'IBM a battu les meilleurs humains au jeu « Jeopardy », la Google Car a réveillé l'intérêt pour les voitures autonomes, et les algorithmes commencent à remplacer les analystes financiers. Conséquence, l'impact des robots sur l'emploi est un sujet porteur, et le deuxième opus de Martin Ford, sorti en 2015, paraît enfin en France après avoir connu un succès mondial.Pour l'auteur, il ne fait aucun doute que l'économie entre dans une nouvelle ère, où « les machines elles-mêmes deviennent des travailleurs, et la frontière entre la main-d'oeuvre et l'investissement devient floue. » Son livre multiplie les cas où le robot peut remplacer l'humain, à l'usine, à la ferme, au restaurant ou au bureau. Moins chère, plus rapide, plus performante, la machine (ou l'intelligence artificielle) sera irrésistible pour les entreprises, mais aussi pour leurs clients : dans les fast-foods, par exemple, « au-delà de la simple réduction des coûts de main-d'oeuvre, l'introduction de plus de machines pourrait apporter des avantages importants, comme l'amélioration et la constance de la qualité ou la perception que la préparation est plus hygiénique. »
Le livre inscrit l'automatisation dans des mouvements plus larges, comme la diminution des créations d'emplois, le sous-emploi des jeunes diplômés ou la montée des inégalités de revenus. Pour Ford, l'argument de la « destruction créatrice » (déplacement des emplois des secteurs détruits vers de nouvelles activités) ne tient plus : en 2011, la création par Apple d'un « data center " à 1 milliard de dollars en Caroline du Nord n'a créé que... 50 emplois !
Martin Ford estime que le raz-de-marée robotique nous obligera à repenser en profondeur nos économies, pour deux raisons : l'emploi est aujourd'hui le principal moyen de subsistance des humains, et les robots ne consomment pas ce qu'ils produisent. Le dernier chapitre est donc, logiquement, consacré au revenu de base et à la redistribution des richesses produites par les machines, qu'il juge tous deux indispensables.
Les humains inutiles
Le devenir de nos économies et de nos sociétés est également au coeur du nouvel essai de l'historien israélien Yuval Noah Harari, « Homo deus ". Paru dans le monde anglophone en 2016 (et déjà chroniqué dans ces pages il y a un an), l'ouvrage s'inscrit en droite ligne du précédent, « Sapiens », phénomène littéraire et chef-d'oeuvre d'érudition, qui balayait 70.000 ans d'histoire de l'humanité. Cette fois, Harari se concentre sur le XXIe siècle. Pour lui, à quelques exceptions, l'humanité a quasiment triomphé des trois grands fléaux qui ont marqué son évolution : la faim, les épidémies et les guerres.Mais le progrès technoscientifique engendre d'autres défis majeurs, dont fait partie la montée en puissance de l'automatisation. Pour lui, il ne fait guère de doute que les entreprises privilégieront les machines intelligentes plutôt que les humains, et que « nous pourrions bien assister à la formation d'une nouvelle classe non laborieuse : des gens sans aucune valeur économique, politique ou artistique, qui ne contribuent en rien à la prospérité, à la puissance et au rayonnement de la société ". Glaçant.
Un peu d'espoir (quand même)
Parmi leurs nombreuses références, Ford et Harari citent à plusieurs reprises deux chercheurs du MIT, Andrew McAfee et Erik Brynjolfsson, pour leur ouvrage « Le Deuxième Age de la machine " (Odile Jacob, 2015). Leur nouvel essai, « Machine, Platform, Crowd », paru au début de l'été aux Etats-Unis, explore trois « rééquilibrages » de la révolution numérique : les machines accomplissent des tâches dévolues aux cerveaux; les plates-formes remplacent les produits; la foule peut s'acquitter de fonctions réservées à des acteurs très spécialisés.Et l'emploi, dans tout ça ? Résolument optimistes, McAfee et Brynjolfsson consacrent bien moins de place à cette question que Ford et Harari. S'ils s'attendent à une expansion spectaculaire de l'automatisation, ils pensent que « les humains sont toujours plus adroits que la majorité des robots les plus avancés, et que cela sera encore le cas pendant longtemps ». Et militent en conséquence pour une coopération homme-machine. Ce qui les pousse à conclure d'une formule digne de John Fitzgerald Kennedy, mais qui peut paraître un brin facile : « Au lieu de demander ce que la technologie va nous faire, nous devons nous demander ce que nous pourrons faire avec la technologie. "
Niveau B2
Type : Texte argumentatif
Thème : Technologie / Robot / Futur / Société
Source : https://www.letemps.ch/societe/bien-decider-un-art-cles
Type : Texte argumentatif
Thème : Technologie / Robot / Futur / Société
Source : https://www.letemps.ch/societe/bien-decider-un-art-cles